Association Lupus Erythémateux

Demande urgente de renseignements suite au communiqué de presse du CNRS sur le Lupuzor

Ce 19 avril 2018, 21 Professeurs et Docteurs spécialisés en lupus (dont la majorité des signataires du livre "Lupus, 100 questions pour mieux gérer la maladie"), viennent d’envoyer un mail de "demande urgente de renseignements suite au communiqué de presse du CNRS sur le Lupuzor", qui se termine par ce paragraphe :
"Nous aimerions donc connaitre très rapidement les justifications de la teneur de votre communiqué dont le titre "Efficacité clinique démontrée pour le Lupuzor, premier traitement contre le lupus sans effets secondaires" fait penser, à tort d’un point de vue scientifique, à l’efficacité de cette molécule."
Vous trouverez l’intégralité du mail ci-dessous. Ce mail est transmis avec l’autorisation de son auteur.

De : Nathalie Costedoat-Chalumeau
Date : 19 avril 2018 à 19:10
Objet : Demande urgente de renseignements suite au communiqué de presse du CNRS sur le Lupuzor
A : (...)

Bonsoir,

Nous découvrons notamment via des patients et des associations de patients atteints de lupus ce communiqué de presse déjà repris sur plusieurs sites.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/5557.htm

En parallèle, nous avons reçu des résultats de cette étude qui sont les suivants.
Lupuzor™ demonstrated a superior response rate over placebo (52.5% vs 44.6% “responders”) in the primary analysis on the Full Analysis Set of all 202 patients (including withdrawals who are considered non-responders). However, due to a high response rate in the placebo group, this superior response did not allow statistical significance to be reached (p = 0.2631) and the trial’s primary end point was not met.
Lupuzor™ also demonstrated a superior response rate over placebo (68.8% vs 59.2%) in the 153 patients who completed the study (p value not currently available).
Importantly, in patients who had anti-dsDNA autoantibodies (a recognised biomarker for Systemic Lupus Erythematosus (‘SLE’)), Lupuzor™ demonstrated a superior response rate over placebo (61.5% vs 47.3%, p = 0.0967). In addition, 7.6% of these patients in the Lupuzor™ group went into full remission versus none in the placebo group.
The study confirmed the outstanding safety profile of Lupuzor™, with zero serious adverse events reported.
The Company believes these topline results provide evidence for the continued investigation into the development and commercialisation of Lupuzor™ as it has the potential to offer patients and physicians a much needed effective and safe treatment for Lupus.

Le critère principal (cf. clinicaltrials.gov) n’est pas atteint (p = 0.26). L’essai est donc négatif et il n’est pas possible scientifiquement de faire ensuite des analyses secondaires (28 étaient prévues dans clinicaltrial).

Cependant, les 2 analyses secondaires fournies sont également négatives (un p à 0.09 et un p non disponible).

Nous aimerions donc connaitre très rapidement les justifications de la teneur de votre communiqué dont le titre "Efficacité clinique démontrée pour le Lupuzor, premier traitement contre le lupus sans effets secondaires" fait penser, à tort d’un point de vue scientifique, à l’efficacité de cette molécule.

Cordialement,

Pr Nathalie COSTEDOAT-CHALUMEAU (Cochin, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France, centre constitutif ; FAI2R)

Dr Véronique LE GUERN (Cochin, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France ; FAI2R)

Pr Luc MOUTHON (Cochin, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France ; FAI2R)

Pr Loic GUILLEVIN (Cochin, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France ; FAI2R)

Pr Jean-Charles PIETTE (Pitié-Salpêtrière, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France, centre constitutif ; FAI2R)

Pr Eric HACHULLA (Lille, Centre de référence des Maladies Auto-Immunes Systémiques rares du Nord et Nord-Ouest ; coordinateur de la Filière des Maladies Auto-Immunes et Auto-Inflammatoires Rares (FAI2R))

Pr Zahir AMOURA (Pitié-Salpêtrière, Centre de Référence Maladies Rares Lupus, syndrome des antiphospholipides et autres maladies auto-immunes systémiques rares ; FAI2R)

Dr Alexis MATHIAN (Pitié-Salpêtrière, Centre de Référence Maladies Rares Lupus, syndrome des antiphospholipides et autres maladies auto-immunes systémiques rares ; FAI2R)

Dr Christophe DELIGNY (Fort de France, Centre de Référence Maladies Rares Lupus, syndrome des antiphospholipides et autres maladies auto-immunes systémiques rares, site constitutif ; FAI2R)

Pr Jacques-Eric GOTTENBERG (Strasbourg, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Pr Laurent ARNAUD (Strasbourg, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Pr Thierry MARTIN (Strasbourg, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Pr Estibaliz LAZARO (Bordeaux, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Pr Christophe RICHEZ (Bordeaux, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Dr Laurent CHICHE (Marseille, Hôpital Européen ; FAI2R)

Pr Alexandre BELOT (Lyon, Coordinateur pédiatrique de la Filière des Maladies Auto-Immunes et Auto-Inflammatoires Rares (FAI2R))

Dr Brigitte BADER-MEUNIER (Centre de référence des rhumatismes inflammatoires et maladies autoimmunes systémiques rares de l’enfant ; FAI2R)

Pr Isabelle KONE-PAUT (Kremlin-Bicêtre, Centre de référence des maladies auto-inflammatoires et de l’amylose inflammatoire ; FAI2R)

Pr Patrice CACOUB (Pitié-Salpêtrière, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France, centre constitutif ; FAI2R)

Pr Xavier MARIETTE (Kremlin-Bicêtre, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France, centre constitutif ; FAI2R)

Pr Frederic HOUSSIAU (Université catholique de Louvain en Belgique, Lupus center)

Dr FarahTAMIROU (Université catholique de Louvain en Belgique, Lupus center)

Le lupuzor, une avancée majeure dans le traitement du lupus ?

Ce 19 avril 2018, 21 Professeurs et Docteurs spécialisés en lupus (dont la majorité des signataires du livre "Lupus, 100 questions pour mieux gérer la maladie"), ont envoyé un mail de "demande urgente de renseignements suite au communiqué de presse du CNRS sur le Lupuzor", qui se termine par ce paragraphe :
"Nous aimerions donc connaitre très rapidement les justifications de la teneur de votre communiqué dont le titre "Efficacité clinique démontrée pour le Lupuzor, premier traitement contre le lupus sans effets secondaires" fait penser, à tort d’un point de vue scientifique, à l’efficacité de cette molécule."
Vous trouverez l’intégralité du mail ci-dessous. Ce mail est reproduit avec l’autorisation de son auteur.

De : Nathalie Costedoat-Chalumeau
Date : 19 avril 2018 à 19:10
Objet : Demande urgente de renseignements suite au communiqué de presse du CNRS sur le Lupuzor
A : (...)

Bonsoir,

Nous découvrons notamment via des patients et des associations de patients atteints de lupus ce communiqué de presse déjà repris sur plusieurs sites.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/5557.htm

En parallèle, nous avons reçu des résultats de cette étude qui sont les suivants.
Lupuzor™ demonstrated a superior response rate over placebo (52.5% vs 44.6% “responders”) in the primary analysis on the Full Analysis Set of all 202 patients (including withdrawals who are considered non-responders). However, due to a high response rate in the placebo group, this superior response did not allow statistical significance to be reached (p = 0.2631) and the trial’s primary end point was not met.
Lupuzor™ also demonstrated a superior response rate over placebo (68.8% vs 59.2%) in the 153 patients who completed the study (p value not currently available).
Importantly, in patients who had anti-dsDNA autoantibodies (a recognised biomarker for Systemic Lupus Erythematosus (‘SLE’)), Lupuzor™ demonstrated a superior response rate over placebo (61.5% vs 47.3%, p = 0.0967). In addition, 7.6% of these patients in the Lupuzor™ group went into full remission versus none in the placebo group.
The study confirmed the outstanding safety profile of Lupuzor™, with zero serious adverse events reported.
The Company believes these topline results provide evidence for the continued investigation into the development and commercialisation of Lupuzor™ as it has the potential to offer patients and physicians a much needed effective and safe treatment for Lupus.

Le critère principal (cf. clinicaltrials.gov) n’est pas atteint (p = 0.26). L’essai est donc négatif et il n’est pas possible scientifiquement de faire ensuite des analyses secondaires (28 étaient prévues dans clinicaltrial).

Cependant, les 2 analyses secondaires fournies sont également négatives (un p à 0.09 et un p non disponible).

Nous aimerions donc connaitre très rapidement les justifications de la teneur de votre communiqué dont le titre "Efficacité clinique démontrée pour le Lupuzor, premier traitement contre le lupus sans effets secondaires" fait penser, à tort d’un point de vue scientifique, à l’efficacité de cette molécule.

Cordialement,

Pr Nathalie COSTEDOAT-CHALUMEAU (Cochin, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France, centre constitutif ; FAI2R)

Dr Véronique LE GUERN (Cochin, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France ; FAI2R)

Pr Luc MOUTHON (Cochin, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France ; FAI2R)

Pr Loic GUILLEVIN (Cochin, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France ; FAI2R)

Pr Jean-Charles PIETTE (Pitié-Salpêtrière, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France, centre constitutif ; FAI2R)

Pr Eric HACHULLA (Lille, Centre de référence des Maladies Auto-Immunes Systémiques rares du Nord et Nord-Ouest ; coordinateur de la Filière des Maladies Auto-Immunes et Auto-Inflammatoires Rares (FAI2R))

Pr Zahir AMOURA (Pitié-Salpêtrière, Centre de Référence Maladies Rares Lupus, syndrome des antiphospholipides et autres maladies auto-immunes systémiques rares ; FAI2R)

Dr Alexis MATHIAN (Pitié-Salpêtrière, Centre de Référence Maladies Rares Lupus, syndrome des antiphospholipides et autres maladies auto-immunes systémiques rares ; FAI2R)

Dr Christophe DELIGNY (Fort de France, Centre de Référence Maladies Rares Lupus, syndrome des antiphospholipides et autres maladies auto-immunes systémiques rares, site constitutif ; FAI2R)

Pr Jacques-Eric GOTTENBERG (Strasbourg, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Pr Laurent ARNAUD (Strasbourg, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Pr Thierry MARTIN (Strasbourg, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Pr Estibaliz LAZARO (Bordeaux, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Pr Christophe RICHEZ (Bordeaux, Centre National de Référence des Maladies AutoImmunes Systémiques Rares ; FAI2R)

Dr Laurent CHICHE (Marseille, Hôpital Européen ; FAI2R)

Pr Alexandre BELOT (Lyon, Coordinateur pédiatrique de la Filière des Maladies Auto-Immunes et Auto-Inflammatoires Rares (FAI2R))

Dr Brigitte BADER-MEUNIER (Centre de référence des rhumatismes inflammatoires et maladies autoimmunes systémiques rares de l’enfant ; FAI2R)

Pr Isabelle KONE-PAUT (Kremlin-Bicêtre, Centre de référence des maladies auto-inflammatoires et de l’amylose inflammatoire ; FAI2R)

Pr Patrice CACOUB (Pitié-Salpêtrière, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France, centre constitutif ; FAI2R)

Pr Xavier MARIETTE (Kremlin-Bicêtre, Centre de Référence des Maladies Auto-immunes Systémiques Rares d’Ile de France, centre constitutif ; FAI2R)

Pr Frederic HOUSSIAU (Université catholique de Louvain en Belgique, Lupus center)

Dr FarahTAMIROU (Université catholique de Louvain en Belgique, Lupus center)

Un nouveau traitement pour le lupus ?

Lors du 11me congrès international du lupus, Neovacs a confirmé que les essais de "vaccin" thérapeutique pour le lupus suivaient une voie favorable. Un bon espoir pour les patients atteints de lupus !
Pour en savoir plus, découvrez le communiqué de presse

Témoignage de Julie, qui a décidé d’arrêter ses médicaments...

Traitements : généralités

Le traitement du lupus varie en fonction des organes concernés et du degré de sévérité de la maladie.

Dans le lupus peu sévère, on prescrit des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des médicaments antimalariques, ou encore de petites doses de cortisone.

Quand la maladie est plus sévère, en particulier lorsqu’elle concerne les reins, les cellules sanguines ou le système nerveux central, on utilise de fortes doses de cortisone et d’autres immunosuppresseurs. Même si les corticoïdes ont de nombreux effets secondaires, cette thérapeutique rend d’immenses services.

Vous voulez en savoir plus sur l’actualité des traitements du lupus ? Téléchargez la conférence que le Professeur Sibilia a donné lors du 20me anniversaire de l’association.

A côté des traitements, il faut apprendre aussi à gérer la maladie.
Cela implique notamment de :

(Les articles ci-dessus sont publiés avec l’aimable autorisation des éditions Vivio)

... Pour en savoir plus, vous pouvez lire les articles en lien ci-dessus.

Contrer les effets secondaires des médicaments

Le LED (Lupus Erythémateux Disséminé) a longtemps été oublié des études pharmaceutiques, mais grâce à de formidables progrès dans la compréhension de la maladie et dans les possibilités de nouvelles thérapeutiques, cette maladie est revenue aux avant-plans de la recherche en rhumatologie. Ces données sont très encourageantes mais il convient de ne pas oublier les règles de base pour tout patient souffrant d’un LED.

En effet, le traitement d’un LED ne consiste pas seulement dans la gestion de la poussée de la maladie et dans le traitement de maintenance (dont l’objectif est de maintenir le lupus « endormi »). Ces deux aspects du traitement font appel aux dérivés cortisonés et aux immunosuppresseurs ou immunomodulateurs (Médrol®, Solumédrol®, Plaquenil®, Ledertrexate®, Imuran®, CellCept®, Endoxan® Mabthera® …).

Une fois la période de crise terminée, il faudra être attentif à une multitude de mesures générales qui deviendront tout aussi importantes que le traitement de la maladie. En effet, les effets secondaires des traitements et les risques au long cours de certains aspects du LED représentent une part non négligeable des complications potentielles.

Par souci de clarté, je détaillerai ces mesures générales en deux groupes, d’une part les effets secondaires des médicaments et d’autre part les risques inhérents au LED.

Les effets secondaires :

Infectieux :
La plupart des traitements chroniques du LED (Imuran®, CellCept®, Ledertrexate®, Endoxan®, Mabthera® et la cortisone) s’accompagne d’un risque infectieux supplémentaire. Il il est dès lors recommandé de vous fairevacciner (au minimum contre la grippe et le pneumocoque en n’oubliant pas le vaccin contre le tétanos qui est conseillé à toute la population). Le vaccin contre la grippe saisonnière est à réaliser annuellement, celui contre le pneumocoque tous les cinq ans et celui contre le tétanos tous les dix ans. L’idéal (lorsque la situation clinique le permet), est de vous fairevacciner avant le début de ces traitements. Vous devrez également être vaccinés contre le virus de la grippe.


Ostéoporose
 :
Un autre effet secondaire de la corticothérapie est une déminéralisation osseuse plus rapide que la normale. En cas de prise de dérivés cortisonés, il est indispensable de prendre des suppléments en calcium et en vitamine D, d’autant plus que l’apport en calcium de notre alimentation est très souvent insuffisant et que la grande majorité de la population est carencée en vitamine D (vitamine permettant de fixer le calcium dans l’os). L’organisme fabrique essentiellement la vitamine D au niveau de la peau grâce à l’exposition solaire. Il est donc primordial de suppléer les patients à qui l’on déconseille l’exposition prolongée. La mesure de la densité osseuse doit être réalisée régulièrement et un traitement préventif peut même être administré dans certaines situations.

Suivi ophtalmologique :
Il est nécessaire dans deux grandes situations. D’une part la corticothérapie peut accélérer le développement d’une cataracte et d’autre part il existe une rare toxicité oculaire du Plaquenil®.Un suivi annuel est souvent suffisant, parfois semestriel.

Les risques inhérents à la maladie :


Le risque cardiovasculaire
 : Il est bien connu maintenant qu’il existe un risque augmenté d’accidents cardiovasculaires (angine de poitrine, infarctus, accident vasculaire cérébral) lorsqu’on souffre d’un LED. Il faut donc limiter au maximum les risques en

  • s’abstenant totalement de tabac,
  • contrôlant sa tension artérielle,
  • contrôlant sa glycémie
  • faisant un suivi du bilan lipidique (cholestérol et triglycéride).

Ces mesures sont très importantes au vu des effets secondaires de la cortisone détaillés ci-dessus. Dans certaines situations, le médecin pourra être amené à prescrire une petite dose d’aspirine pour améliorer la fluidité du sang et ainsi diminuer ce risque.

Protéger le rein : Le rein est un organe régulièrement touché par une poussée de LED. On protégera donc le rein en évitant les médicaments ou substances toxiques telles que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pris au long cours et en surveillant la protéinurie de manière régulière (tigette).

Les hormones féminines (oestrogènes) et les ultra-violets (UV) : Bien que les recommandations soient moins strictes qu’auparavant, on préconise une protection solaire et une limitation de l’emploi des oestrogènes. En cas de lupus avec des manifestations cutanées, les UV sont vraiment à éviter. Pour les LED sans atteinte cutanée, l’exposition solaire n’est pas interdite mais doit être raisonnable et sous couvert d’une protection telle qu’un écran total. Les solariums sont vivement déconseillés. En ce qui concerne les traitements hormonaux, on préférera une pilule sans oestrogènes (progestatifs purs) et on sera parfois amené à interdire l’usage d’un traitement hormonal de substitution lors de la ménopause.

L’exercice physique : Il est bénéfique à plusieurs titres, il améliore la condition physique, diminue le risque cardiovasculaire et renforce la musculature là où la cortisone la diminue.

Conclusion

Ce petit mot de rappel n’a certainement pas pour but de vous alarmer. Au contraire, il a comme objectif de fournir à chacun les mesures générales de protection. Cette affection est une maladie chronique et il convient de vous munir de tout ce qui est en votre possession pour vous protéger de manière régulière afin de vivre de la plus belle manière les années à venir.

Compliance : Les médicaments ne sont pas efficaces chez les patients qui ne les prennent pas !

« Une fois par an, je vais chez mon médecin, parce qu’il faut bien que mon médecin vive. Ensuite, je vais chez mon pharmacien, parce qu’il faut bien que mon pharmacien vive. Enfin, je jette les médicaments parce qu’il faut bien que moi aussi, je vive ! ».
Cette boutade évoque un phénomène que les praticiens connaissent bien : la non-compliance, c’est-à-dire le fait qu’un patient ne suive pas le traitement qu’on lui prescrit. Les études varient, mais on estime qu’environ un patient chronique sur trois prend scrupuleusement le traitement qui lui a été prescrit.

D’après un article paru dans « Information psychiatrique » , 71% des patients ne suivent pas leur traitement correctement. Parmi eux, 16 % n’achètent pas les médicaments, 41 % ne les prennent pas et 33 % n’observent pas la durée du traitement (restent 10% pour lesquels on n’a pas d’indication !). La non-compliance représente d’ailleurs la première cause d’échec du traitement des patients qui ont un lupus. C’est donc un phénomène dramatique qu’il vaut mieux regarder en face, pour voir comment le diminuer.

L’origine de la non-compliance

Pourquoi ne prend-on pas le médicament prescrit ? Petit tour d’horizon des causes, des plus pratiques au plus inconscientes. A vous de voir celles qui s’appliquent éventuellement à vous.

  1. Tout d’abord, à cause du coût de certains médicaments. Certaines personnes n’ont tout simplement pas les moyens de les acheter.
  2. Ensuite, question de temps. Quand on travaille toute la semaine aux heures d’ouverture des pharmacies, qu’il faut se dépêcher de reprendre les enfants à la garderie, le saut à la pharmacie passe (malheureusement) après. Pour peu qu’on ne soit pas motorisé et que la pharmacie de garde soit dans la ville du coin, le week-end passe sans qu’on prenne un ou plusieurs médicaments. La situation est encore pire pour des personnes isolées qui ne peuvent plus sortir de chez elles.
  3. Quand on lit certaines notices de médicaments, on préfère s’abstenir ! Dans le cas du lupus, les effets secondaires des médicaments contre le lupus (cortisone et immuno-suppresseurs) sont importants. La peur de souffrir d’une ou de plusieurs complications peut donc expliquer la non-compliance.
  4. Non seulement les notices, mais des revues et des livres grand public prônent ouvertement la non-compliance et augmentent leur tirage en jouant avec les peurs légitimes des patients et leur « envie de croire ». Il est plus facile de suivre un gourou qui vous promet la guérison qu’un rhumatologue qui reconnait honnêtement que son traitement n’est pas efficace à 100%.
  5. Si vous oubliez de prendre votre cortisone, vous vous en rendrez probablement vite compte, parce que le manque de cortisone se fait souvent vite sentir. Par contre, si vous ne prenez pas votre plaquenil, votre corps se rappellera à vous seulement après un long moment. Voilà évidemment une autre cause de l’oubli des médicaments : dans le lupus, la plupart des médicaments agissent à long terme et si on ne les prend pas, on ne devient pas malade de suite.
  6. Prendre un médicament, c’est accepter et se rappeler qu’on est malade, même si on n’a aucun symptôme. Or, dans le cas du lupus, de longues périodes de rémission sont possibles. Continuer à prendre cinq à dix médicaments par jour, si on ne se sent plus malade, c’est particulièrement astreignant ! La maladie ne se rappelle à vous que par son traitement et plus par ses symptômes. La tentation peut être grande d’oublier tout à fait le traitement pour ne plus penser à la maladie.
  7. Le lupus laisse une sensation d’impuissance. Vous n’avez « rien fait de mal » et tout d’un coup, la maladie vous tombe dessus. Vous perdez donc la maitrise de votre corps. Ensuite, vous êtes obligé de soumettre à une autre personne la gestion de votre maladie. Ne pas prendre ses médicaments peut s’apparenter à un désir (maladroit) de reprendre le contrôle de son propre corps et de n’être plus « soumis au corps médical ».
  8. Il peut arriver qu’un sentiment inconscient de colère vis-à-vis du rhumatologue soit à l’origine de la non-compliance. Dans la Grèce antique, on exécutait les porteurs de mauvaises nouvelles. De même, il arrive assez souvent que le premier médecin consulté soit rejeté : il n’a pas découvert la maladie assez vite, il a annoncé le diagnostic de manière inadéquate, il a donné un mauvais traitement, il n’a pas pris le temps d’expliquer… C’est parfois vrai, mais parfois cela reflète plus le choc vécu par le patient que la réalité des faits. En rejetant le médecin, on rejette la maladie. Inconsciemment, ne pas prendre ses médicaments permet de ne pas « obéir » au porteur de mauvaises nouvelles et de saboter son traitement.
  9. Si dans votre enfance, on vous a forcé à avaler des tas d’aliments que vous détestiez, ingérer des médicaments « sur ordre » peut vous amener à développer des stratégies d’évitement.
  10. Il est scientifiquement prouvé que la dépression augmente le risque de ne pas prendre ses médicaments, et ce de nombreuses manières : quand on n’a plus le goût de vivre, pourquoi chercher à guérir en prenant son traitement ? Quand la moindre démarche demande une énergie surhumaine, comment ne pas reporter à demain ou après-demain l’achat des médicaments ? Quand l’esprit est encombré de pensées pénibles et d’angoisse, comment planifier une gestion rigoureuse ?
  11. Enfin, certaines personnes peuvent trouver un avantage inconscient à la maladie. C’est ce qu’on appelle les bénéfices secondaires. Inconsciemment, la personne cherche à rester le centre d’attention du reste de sa famille et éprouve un certain soulagement à ne pas devoir travailler.
    Tout ceci n’est en aucun cas un répertoire de « mauvaises excuses » à présenter à votre rhumatologue à votre prochaine consultation ! Par contre, prendre conscience des raisons pour lesquelles il vous arrive de ne pas prendre vos médicaments, peut augmenter votre compliance et vos chances de rester/ rentrer en rémission. Cela en vaut la peine !

Les effets de la non-compliance

Les effets de la non-compliance sont bien évidemment dramatiques. La première cause de mortalité dans le lupus, c’est la non-compliance. La première cause d’entrée en dyalise, de séquelles graves, aussi. En ne suivant pas son traitement, c’est sa propre vie qu’on met en danger.

La non-compliance entraine aussi la difficulté pour le médecin d’adapter le traitement au patient. Si l’on ne prend pas les doses prescrites, comment le médecin peut-il savoir quelle dosage est adéquat ? Existe alors le danger de sur- ou de sous-dosage.
La non-compliance casse aussi la nécessaire relation de confiance qui s’établit entre un médecin et son patient. Comment être à l’aise face à un médecin à qui l’on ment ?

Comment augmenter votre compliance ?

  1. Tout d’abord, en éliminant les causes matérielles : si vous êtes en difficulté, le CPAS de votre commune peut vous aider à payer vos factures de médicaments, après examen de votre situation financière. Vous pouvez également demander à votre médecin s’il n’existe pas un générique moins cher que le médicament que vous prenez. L’AWIPH ou le Service Social de la clinique où vous vous rendez peuvent également vous conseiller.
  2. Quand vous entamez la dernière plaquette de votre médicament, prenez le temps d’introduire un rappel dans votre GSM ou de le noter dans votre agenda. Si vous ne pouvez vous rendre à la pharmacie, téléphonez à votre pharmacien pour voir s’il n’a pas une solution.
  3. Rappelez-vous que les firmes sont légalement tenues d’indiquer tous les effets secondaires des médicaments, mais que dans la pratique, de nombreuses personnes les prennent durant des années et s’en portent bien.
  4. Parlez avec une personne de confiance (ami, psy, kiné, infirmière, médecin de famille) des motifs qui pourraient éventuellement être à l’origine de votre non-compliance, pour vous aider à aller plus loin dans votre réflexion.
  5. Posez des questions à votre rhumatologue ou à votre médecin de famille. Demandez-lui pourquoi vous devez prendre tel médicament particulier. Bien sûr le lupus est une maladie complexe, mais votre rhumatologue pourra vous aider à comprendre la manière dont le traitement ralentit la maladie. Sortez d’une attitude passive de soumission à votre médecin.
  6. Si vous pensez qu’un état dépressif vous pousse malgré vous à ne pas suivre votre traitement, vous avez peut-être besoin d’une aide médicamenteuse ou psychothérapeutique pour vous sortir de ce passage dépressif.
  7. S’il vous arrive de ne pas prendre vos médicaments, si vous en avez marre de les prendre, jouez franc-jeu avec votre rhumatologue. Il est conscient du phénomène de la non-compliance, mais il est plus facile pour lui et plus sain pour vous, de lui parler en toute franchise. Si malgré tout, vous ne prenez pas vos médicaments, faites au moins vos analyses, puisqu’elles lui permettront de surveiller la maladie et de réagir au quart de tour en cas de complication.

Conclusion
Prendre le traitement prescrit est donc la meilleure solution qu’on ait trouvée pour sortir de la maladie. Au fond, n’est-ce pas encourageant ? Au lieu de dépendre de découvertes scientifiques aléatoires ou du bon-vouloir de ceux qui déterminent le remboursement des médicaments, vous pouvez dès aujourd’hui augmenter de 50 % vos chances de guérison : tout simplement en prenant correctement votre traitement ! Vous voilà acteur à part entière de votre santé.

Lupus, comment prendre soin de sa peau ?

Retrouvez ici le compte-rendu de la conférence donnée par le Docteur Benadou, pour notre association.

CAP 48 soutient un nouveau projet sur le lupus

Bonne nouvelle pour les personnes atteintes de lupus. En 2018-2023, CAP 48, l’opération de levée de fonds de la RTBF, soutiendra une nouvelle recherche sur le lupus :

« La non-adhésion thérapeutique des patients atteints de Lupus érythémateux disséminé, ses conséquences et les mesures de prévention ».

Une des complications majeures du lupus est en effet le risque de développer une néphropathie lupique. Compte tenu de son caractère fréquent, mais également sévère, l’atteinte rénale conditionne donc le pronostic de ces patients. A côté des cas réfractaires, la non-adhésion thérapeutique reste la première cause d’« échec » des traitements qui mène aux complications rénales.

Des travaux récents ont permis de valider les dosages sanguins de l’hydroxychloroquine - Plaquénil - le médicament principal dans le traitement de la maladie lupique et ainsi d’évaluer l’adhésion des patients à ce traitement, ce qui reste primordial pour la bonne évolution de la maladie.

L’idée est donc de réaliser des dosages d’hydroxychloroquine-Plaquénil dans le sang (traitement de fond dans le lupus) dans la cohorte de patients CAP48 afin de mesurer l’ampleur de la problématique de la non-adhésion au traitement dans une cohorte de cas incidents, de corréler ce résultat au nombre de poussées de la maladie et de sensibiliser les différents intervenants à cette problématique.

Seul le suivi prolongé des patients atteints d’une maladie lupique permet d’identifier ceux qui auront une évolution défavorable (décès, insuffisance rénale, dommage chronique).

Ceci est rendu possible avec le soutien de CAP48. La sélection de cas incidents permet le suivi de ces patients dès le diagnostic et la tenue d’un registre national permettant d’établir le profil de la néphropathie lupique en Belgique (ethnies représentées, sévérité de la maladie, réponse au traitement, pronostic,…), ce qui pourrait orienter la prise en charge sur le plan national.

En savoir plus ? Téléchargez le dossier de presse de CAP 48 (mai 2018)

15 questions concernant les problèmes cardio-vasculaires dans le lupus

Cet article ne concerne que le lupus systémique et non celui uniquement limité à la peau. Il faut souligner que les problèmes cardio-vasculaires touchent précocement les malades lupiques, et cela à partir de la fin de la quarantaine alors que dans la population générale c’est largement 10 ans plus tard. C’est donc un problème majeur dans cette maladie, notamment pour les femmes d’autant plus qu’une partie de celles-ci sont ménopausée plus tôt soit à cause du lupus, soit à cause des traitements et qu’elles ont donc perdu l’effet cardioprotecteur des oestrogènes.

Adaptation et traduction du texte original par le Dr Pascale Cortvriendt

Retrouvez la version originale du texte en anglais sur le site de la Lupus Foundation of America

1. Dans le lupus, quelles sont les différentes parties du cœur qui sont le plus souvent concernées ?

Le lupus peut toucher les différentes parties du cœur. Le péricarde (l’enveloppe entourant le cœur) est la région la plus fréquemment atteinte par l’inflammation. Celle-ci est appelée « péricardite » et donne une douleur dans la poitrine qui augmente en position couchée, à la respiration profonde et peut être atténuée en se penchant en avant. Le lupus atteint plus rarement les valvules cardiaques ainsi que le muscle cardiaque lui-même (myocardite).
Mais l’atteinte dont il faut le plus tenir compte dans le lupus est l’atteinte des artères coronaires (artères nourricières du cœur) qui en se bouchant, provoque un infarctus. Ce phénomène est provoqué par différents facteurs comme l’inflammation chronique, la dyslipidémie (LDL-mauvais cholestérol- trop élevé/HDL- bon cholestérol- trop bas dans le sang), l’obésité et l’inactivité physique. C’est un problème majeur dans le lupus car le risque de faire un infarctus du myocarde, de développer une insuffisance cardiaque ou des problèmes cérébraux est de 2 à 3 fois plus élevé que dans la population générale.
N.B. Le cholestérol est transporté dans le sang par l’intermédiaire de protéines, les lipoprotéines. Il existe deux sortes de lipoprotéines : les LDL, lipoprotéines de petite densité qui ont pour nom les low density lipoprotein et les HDL, lipoprotéines de haute densité qui ont pour nom les High Density Lipoprotein.

2. Quels examens peuvent déterminer si le lupus touche le cœur ?

En pratique, les examens ne sont demandés que quand il y a des symptômes. Une atteinte des coronaires se traduira par un essoufflement à l’effort, une douleur ou une impression de constriction à la poitrine qui s’atténuera au repos ou à la prise de trinitrine. Un électrocardiogramme, une épreuve d’effort, une radio et un échocardiogramme sont les examens qui pourront évaluer la fonction cardiaque dans un premier temps. Dans un deuxième temps, une coronographie sera demandé pour déterminer l’étendue des lésions. Lorsqu’une douleur aigue apparaît ou augmente en position couchée, le diagnostic se penchera plutôt vers une péricardite et une échographie pourra évaluer la quantité de liquide autour du cœur.

3. Faut-il encourager l’évaluation préventive de la fonction cardiaque chez les malades lupiques ?

La fonction cardiaque devrait être contrôlée régulièrement chez les malades lupiques par un ECG, un échocardiogramme et une épreuve d’effort. Il faut aussi évaluer les facteurs de risques comme l’hypertension, la dyslipidémie, l’obésité, le tabagisme. Ces facteurs peuvent être diminués en traitant l’hypertension, l’hypercholestérolémie, en encourageant la perte de poids et/ou l’arrêt du tabac.

4. Après une atteinte rénale par le lupus, la fréquence de l’atteinte cardiaque semble plus élevée, est-ce une réalité ?

Effectivement, après une atteinte rénale par le lupus, le risque cardiovasculaire augmente et cela, à cause de différents facteurs. Tout d’abord, l’atteinte rénale est une des atteintes les plus sévères du lupus et s’accompagne d’une exacerbation du système inflammatoire. De plus, la fuite des protéines due à l’atteinte rénale provoque un déséquilibre dans le sang avec une élévation du mauvais cholestérol augmentant ainsi le risque de boucher une artère. Et pour finir, le traitement de l’atteinte rénale lupique demande de hauts dosages de cortisone, cortisone qui va provoquer un risque plus élevé de prise de poids, un déséquilibre lipidique avec augmentation du mauvais cholestérol ainsi qu’une résistance au sucre avec risque de diabète qui va renforcer l’élévation du mauvais cholestérol. Il faut noter que l’on retrouve ce risque augmenté d’atteinte cardiovasculaire chez les malades qui ont une atteinte rénale ou même chez les transplantés sans l’intervention du lupus.

5. Le lupus peut-il augmenter le taux de cholestérol ?

La maladie du lupus, en activant l’inflammation, change le profil lipidique en augmentant les LDL (mauvais cholestérol) et en diminuant les HDL (bon cholestérol) dans le sang. De plus, les traitements à base de cortisone accentuent ce déséquilibre, soit par action directe sur les lipides ou indirectement par la prise de poids.

6. L’hypertension pulmonaire est-elle une complication fréquente du lupus ? Peut-on la prévenir ?

L’hypertension pulmonaire n’est pas une complication fréquente du lupus, loin de là et heureusement. C’est le résultat d’une hyperpression dans les vaisseaux amenant le sang dans les poumons pour y être oxygéné. La cause est une atteinte inflammatoire du tissu interstitiel pulmonaire et/ou une embolie pulmonaire. Une apnée obstructive du sommeil peut être également à l’origine de cette hypertension. On ne peut pas la prévenir et le traitement sera symptomatique.
Remarque : l’hypertension pulmonaire est une hypertension localisée aux poumons. Il ne faut pas la confondre avec l’hypertension artérielle qui touche l’ensemble du corps.

7. J’ai souvent des pleurésies et j’ai peur que cette inflammation puisse masquer une atteinte cardiaque. Comment pourrais-je faire la différence ?

Une pleurésie est une inflammation de la plèvre qui est une enveloppe qui entoure le poumon. Elle s’accompagne dans le lupus souvent de liquide qu’on appelle épanchement. Le symptôme principal est une douleur aigue thoracique surtout lors de l’inspiration profonde (également lorsqu’on tousse).
Lors d’une atteinte des coronaires, la douleur est plutôt décrite comme une oppression, une constriction au niveau de la poitrine avec une sensation d’essoufflement, de manque d’air survenant lors d’un effort.
Il faut signaler à votre médecin si vous avez la sensation que les symptômes sont différents afin que le diagnostique puisse être plus rapidement posé.

8. J’ai des extrasystoles ventriculaires qui sont contrôlés par des médicaments.
J’ai lu dans des études qu’il était possible que des affections rhumatismales comme le lupus, pourraient donner des troubles de la conduction cardiaque.
Mais d’après le cardiologue, il n’y aurait aucune corrélation, qu’en est-il exactement ?

Les extrasystoles ventriculaires ne sont pas l’apanage des malades lupiques. En règle générale, on les retrouve plutôt chez des malades sans lupus. Ils ne sont pas liés à la maladie. Les troubles de la conduction qui vont de la simple arythmie, en passant par les extrasystoles peuvent dans les cas sévères être à l’origine d’un rythme beaucoup trop lent pouvant aller jusqu’au blocage.
Cependant, l’atteinte de la conduction électrique cardiaque peut être liée au lupus dans le lupus néonatal. Pour cela, il faut que la maman ait un certain type auto-anticorps : les anti-SSa/Ro et les anti-SSb/La. Ces auto-anticorps maternels peuvent passer la barrière placentaire et attaquer le système électrique du fœtus. Ces anticorps peuvent aussi se retrouver dans le syndrome de Sjögren. Dans le cas où la maman possède ces anticorps, il faudra surveiller très étroitement la grossesse et faire un monitoring fœtal dès la 16 ème semaine. Et malheureusement, le risque de devoir implanter un pace-maker au bébé est aussi nettement augmenté. De là, le taux de mortalité fœtale et périnatale est plus élevé que dans les lupus sans ces auto-anticorps.

9. Comment le syndrome antiphospholipides peut-il influencer les atteintes cardiaques ? Et quel est le meilleur moyen de prévention ?

Le syndrome antiphospholipides est lié au risque de faire des thromboses, phénomène du à la présence d’auto-anticorps antiphospholipides qui augmente la coagulation au niveau des parois des vaisseaux. Cependant, beaucoup de personnes qui ont ces auto anticorps (et qui ne sont pas nécessairement lupiques) ne font jamais de thromboses. Il faut donc majorer ce risque avec d’autres facteurs comme le fait de fumer, d’avoir une pathologie rénale, d’utiliser des contraceptifs à base d’oestrogènes, de présenter un profil lipidique défavorable comme avoir trop de mauvais cholestérol. On peut donc diminuer le risque cardio-vasculaires en diminuant les facteurs prothrombiques cités précédemment (arrêt du tabac, en changeant de mode de contraception…etc), en mangeant équilibré et en faisant de l’exercice régulièrement.

10. Ma fille de 10 ans souffre du lupus depuis 4 ans et est stabilisée depuis 2 ans grâce à son traitement comprenant du Cell Cept, Plaquenil et cortisone. Existe –t-il un taux optimal de cholestérol à atteindre pour les enfants lupiques afin de les protéger contre les problèmes cardio-vasculaires ultérieures. Ceci en sachant que ma fille a des facteurs aggravants comme la présence d’anticorps antiphospholipides et anti cardiolipines.

Pour le moment, il n’existe pas de « guidelines » (règles) à suivre, ceci aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Cependant on considère qu’il faut que la balance entre le bon cholestérol (HDL) et le mauvais cholestérol (LDL) doit pencher du bon côté. Pour se faire, manger équilibré, faire du sport régulièrement sont recommandés, ceci bien avant de prendre des médicaments. Le fait d’avoir un syndrome antiphospholipides associé ne signifie pas nécessairement que l’on va faire des thromboses (cftur question précédente), d’autres facteurs interviennent dont on ne connaît pas encore toujours l’importance. Il faut souligner que la prise de petite dose d’aspirine n’a pas pu prouver son efficacité dans les études randomisées contre la survenue de thrombose dans ces cas-là.

11. J’ai un prolapsus valvulaire mitrale (valve mitrale qui ne ferme pas bien permettant le retour du sang du ventricule à l’oreillette lors de la contraction cardiaque provoquant ainsi une fuite et une perte d’efficacité) et qui devra être opéré. Est-ce fréquent d’avoir ce problème dans le lupus ?

L’endocardite de LIbman-Sack est une atteinte NON infectieuse des valvules cardiaques. Elle se retrouve chez 10% des lupiques, dans les syndromes antiphopholipides ainsi que dans d’autres maladies inflammatoires. Elle atteint le plus souvent la valvule mitrale, valvule qui peut présenter des lésions allant du simple épaississement jusqu’à des nodules ou « végétations ». Celles-ci peuvent en évoluant être à l’origine d’une fuite ou d’un rétrécissement de la valvule. Ce phénomène est accentué par la colonisation de bactéries provoquant une altération de la fonction cardiaque et nécessitant le remplacement chirurgical de la valve.
Cette anomalie doit donc faire l’objet d’une attention particulière, surtout si on est sous corticoïdes ou immunosuppresseurs lors d’intervention dentaires ou chirurgicales car elle est la cible préférentielle de certaines bactéries. C’est pourquoi une couverture antibiotique doit être instaurée en prévention lors de ces interventions.

12. Pouvez-vous nous expliquer quels sont les autres médicaments utilisés avec la cortisone pour traiter la péricardite lupique ?

La péricardite est l’inflammation de l’enveloppe (péricarde) qui entoure le cœur. Elle est très fréquente dans le lupus systémique, environ un tiers des lupiques présenteront une péricardite au cours de leur maladie. Comme traitement, on donne de la cortisone mais aussi des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme ibuprofen. Cependant, si vous avez des péricardites à répétition, il faut prescrire des immunosuppresseurs, immunosuppresseurs permettant une épargne cortisonique.

13. Mon conjoint a un lupus et a débuté récemment un traitement contre son hypertension. Malheureusement, le médicament prescrit ,le zestril, provoque de la toux et son médecin qu’il prenne du propanolol à la place. Dans la notice, il est marqué que ce médicament peut induire un lupus, que pouvez dire à ce sujet et que doit-il faire ?

Certains médicaments peuvent provoquer l’apparition de symptômes suggérant le lupus mais cela se fait par d’autres mécanismes que dans la maladie lupique. Si votre conjoint ne souffre pas d’asthme ou de syndrome de Raynaud, il n’y a aucune contre-indication à ce qu’il prenne ce béta-bloquant.


14. Cela fait depuis 18 ans que je vis avec le lupus et j’ai un taux élevé de cholestérol total ainsi que les LDL. Existe-t-il des médicaments qui sont meilleurs que d’autres pour diminuer les lipides sanguins dans le lupus ?
Est-ce que l’effet anti-inflammatoire des statines peut intervenir dans ce processus ?

Les statines (comme la simvastatine, atorvastatine, rosuvastatine) sont de bons hypolipémiants pour traiter les problèmes d’hyperlipidémie. Le mieux est d’accompagner la prise de ces médicaments avec un changement de vie plus sain comme manger équilibré et faire des exercices physiques quotidiennement. Les statines ont effectivement un effet anti-inflammatoire
bénéfique qui a été démontré chez des personnes ne souffrant pas de lupus. Cela n’a pas encore été étudié dans le groupe des malades lupiques.

15. Ce n’est pas toujours facile pour un malade lupique de suivre un programme d’exercices pour préserver sa santé cardiaque lorsqu’il souffre beaucoup au niveau des articulations et des muscles. Quels types d’exercices pouvez-vous conseiller dans ce cas là ?

Pour maintenir votre cœur en bonne santé, on peut recommander des exercices aérobiques comme la marche, marche assez rapide pour augmenter votre rythme cardiaque mais pas trop, il ne faut pas que cela vous empêche de pouvoir parler. Cependant, cela peut être difficilement réalisable quand on souffre des articulations. Dans ces cas là, je recommande de marcher dans l’eau, à la piscine, le plus vite possible avant l’apparition de douleur. La flottabilité réduit le poids sur les articulations et celles-ci sont moins sollicitées. De plus, marcher contre la résistance de l’eau tonifie les muscles. Cependant, il y des jours où même cela n’est pas possible, alors, je conseille le pilates qui renforce et tonifie le muscle cardiaque.

Zoom sur le plaquenil

Quelques indications par rapport au Plaquenil (extraits de la conférence du Professeur Sibilia en mai 2011 à Bruxelles)

Si je devais être un peu caricatural, tout lupus devrait être sous plaquenil®, même le lupus cutané chronique. Pourquoi ?

  1. C’est la molécule la plus efficace dans le lupus cutané chronique et dans le lupus cutané en général. Malheureusement, parfois cela ne suffit pas. Nous le savons. Parfois nous sommes obligés de changer de stratégie, d’aller vers des traitements beaucoup plus compliqués, beaucoup plus lourds et beaucoup plus risqués. Mais il s’agit quand même du meilleur médicament contre le lupus cutané.
  2. Ce médicament a prouvé son efficacité dans les poussées de lupus systémique. En 1991, il fut démontré que le plaquenil® pouvait prévenir des poussées de lupus systémique.
  3. Il s’agit d’un magnifique médicament antiagrégant et hypolipémiant. C’est important quand on sait que le risque cardio-vasculaire est important dans le lupus. Je vous donne juste un chiffre : une femme de 35 ans a 50 fois plus de chances de faire un infarctus si elle a un lupus, que si elle n’en a pas. Bien sûr, c’est rare de faire un infarctus à 35 ans, mais c’est beaucoup plus fréquent quand on a un lupus.
  4. Entre les utilisateurs de plaquenil® et les non-utilisateurs, des études ont prouvé que la survie globale est nettement meilleure quand vous prenez du plaquenil®.
  5. Dans le cas de lupus avec des complications cardiovasculaires, on a regardé ce qui faisait l’aggravation ou la protection de ces troubles cardiaques. L’élément le plus protecteur, dans le lupus qui se complique de risques cardiaques, est le plaquenil®.
  6. Pendant la grossesse, disait-on, il ne fallait pas continuer le plaquenil®. Au contraire, il faut continuer à le prendre ! On a démontré qu’il n’y avait pas de risques. Pendant 40 ans, le plaquenil® a été déconseillé en se basant sur un seul cas. Mais nous savons maintenant qu’il n’y a aucune raison de contre-indiquer le plaquenil®. Bien au contraire, il protège le bébé et la maman.
  7. Une façon d’améliorer encore l’efficacité est de le doser dans le sang. C’est assez facile à régler techniquement. Deux travaux français ont montré que les malades ayant le meilleur taux de plaquenil® dans le sang, sont ceux qui sont les plus proches de la rémission complète. En outre, en dosant ce taux, cette étude a montré que 15 % des jeunes femmes disent à leur médecin qu’elles prennent leur plaquenil®, alors que c’est faux. Cela s’appelle « l’observance » et cela veut dire « observer les recommandations du docteur et prendre le médicament ! » Dans le lupus, l’observance n’est pas très bonne. Or, c’est important : imaginez que l’on croit que vous prenez le plaquenil®. Or il ne fonctionne pas puisque vous ne le prenez pas. On montera la puissance des médicaments en se disant « cela ne marche pas, donc il faut traiter plus fort ». Ce médicament qui est plus puissant est aussi plus risqué. C’est donc pour vous aider que l’on dose le plaquenil®, pas pour vous « fliquer » !

Quelle surveillance ophtalmologique pour le Plaquenil ?

En cas de prise prolongée de plaquenil, il est indispensable de surveiller sa vue régulièrement. Retrouvez ici les dernières recommandations de l’Académie américaine d’ophtalmologie.

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