C’est en présence d’un public attentif qu’a eu lieu la conférence de Monique Vander Elst, psychiatre et psychothérapeute à Erasme, sur le thème « Lupus et qualité de vie, quels liens ? »
Un patient atteint d’un lupus a trois fois plus de risques que le tout venant de faire une dépression. Bien sûr on peut se demander ce qui est là en premier. La dépression ou le lupus ? Le lupus n’entretient-il pas la dépression tandis que la dépression entretient le lupus ? Chacun a souvent sa propre idée à ce sujet.
Cette dépression peut être de deux types : Dans de rares cas, le lupus peut s’accompagner d’une dépression « psychotisante » : On en parle lorsque le patient se dit que tout est de sa faute, qu’il est à l’origine de tous les malheurs du monde et spécialement de son entourage. Traiter le lupus, s’il se manifeste notamment par une dépression psychotisante, permettra sûrement de diminuer la dépression.
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Plus souvent, il s’agit d’une dépression « légitime » qui n’a rien à voir avec un trouble pathologique. C’est même plutôt sain. Apprendre qu’on a une maladie chronique potentiellement grave n’est pas simple à vivre. Après une phase de sidération (on reste passif), vient une phase de colère (pourquoi moi ?), ensuite de déni (le diagnostic est faux, je change de médecin) et puis de désorganisation et d’angoisse. Toutes ces étapes sont normales, avant d’arriver à une phase d’acceptation où l’on pourra alors gérer la maladie.
En effet, avoir une maladie chronique suppose qu’on fasse un travail de deuil : le deuil de la bonne santé ; la perte d’une certaine illusion de toute puissance. La dépression qui s’en suit est donc plutôt de type réactionnel.
L’ampleur de la dépression dépend de plusieurs éléments : Tout d’abord de la structure psychique, qui nous est propre. Cette structure dépend de notre structure neurologique (on peut être plus ou moins sensible, par exemple) mais également de la manière dont on a été élevé ( « à la dure », ou en se précipitant à l’hôpital au moindre accroc). Il ne s’agit pas ici d’accuser qui que ce soit, chaque parent faisant tout ce qu’il peut pour son enfant, mais il est important de regarder comment on a été élevé.
Souvent on se rend compte que les personnes atteintes de maladies rhumatismales inflammatoires, sont plutôt perfectionnistes, inquiètes de savoir ce que les autres pensent d’elles, assez anxieuses ; elles ont peur du changement et pensent qu’elles doivent d’abord faire plaisir aux autres. Si elles tombent malades, elles vont se sentir coupables d’être malades, de ne plus pouvoir faire ce qu’elles faisaient avant. Or cette culpabilité risque de renforcer la dépression. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. La dépendance est une caractéristique normale de l’individu et il est indispensable de savoir demander de l’aide. Or, si on s’est forgé une carapace au cours de la vie, les autres ne pourront pas voir quand cela ne va pas et ne pourront pas voir qu’on est fragile.
Les maladies comme le lupus entrainent souvent une dépréciation de l’estime de soi, voire des idées suicidaires. Il est alors essentiel de réaliser que cette maladie a attaqué le moral, au point qu’on en arrive à penser à cela. D’où l’importance d’une psychothérapie pour s’occuper du psychisme, l’importance du soin au corps physique et l’importance des médicaments.
A propos des médicaments, il faut bannir quelques préjugés : non, les antidépresseurs ne rendent pas fous et on n’en devient pas dépendant ! Il faut savoir aussi qu’il faut les prendre 3 à 4 semaines avant qu’ils ne commencent à faire de l’effet, tandis que les éventuels effets secondaires se manifestent, eux, au cours de la première semaine (ils s’estompent ensuite). Cela veut donc dire qu’il faut s’accrocher durant les premiers temps ! Ce n’est qu’au bout de six semaines que l’on fait le bilan et que l’on peut voir s’ils sont efficaces et supportables. Ensuite, il est important de continuer à les prendre durant minimum six mois, voire un an, pour être sûr que la circulation de sérotonine (une molécule dont la production est freinée dans la dépression) s’effectue à nouveau normalement.
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Il existe aussi au niveau du physique toute une série de techniques pour aller mieux : massages, chaleur, micro-kiné… Toutes les techniques qui font du bien au corps sont également bonnes pour le mental !
Enfin, il faut trouver un interlocuteur avec lequel on puisse parler. Si possible, un interlocuteur qui connaisse la maladie pour qu’on puisse se sentir reconnu. L’entourage est important, mais a aussi parfois ses limites. De notre côté, en tant que patient, nous devons également apprendre à parler !
Contrairement à ce que l’on entend parfois, un psychiatre ne s’occupe pas que des fous ! S’il s’intéresse effectivement aux maladies mentales, il s’intéresse plus globalement au fonctionnement de l’être humain. Comme c’est un docteur en médecine qui a fait ensuite une spécialisation, il peut prescrire des médicaments. Souvent, il a également une formation en psychothérapie (psychanalytique, cognitivo-comportementale ou systémique).
Un psychologue a fait cinq années d’université. Il ne peut pas prescrire de médicaments. Il s’intéresse à la santé mentale, or tous les êtres humains devraient s’en préoccuper. On serait peut-être moins malade… Les psychologues cliniciens ont également une formation en psychothérapie.
Un psychothérapeute est quelqu’un qui se déclare « psychothérapeute ». Il n’y a aucune reconnaissance officielle du titre. Il existe différentes sortes de thérapies, plus ou moins officielles ou démontrées. Les critères pour savoir s’il est raisonnable de consulter une personne qui se dit thérapeute sont :